«Poutine est devenu la bête noire de l’Occident»

«Poutine est devenu la bête noire de l’Occident»
Le sénateur Alexeï Pouchkov
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Dans un entretien exclusif accordé à Igor Kourachenko, le sénateur russe Alexeï Pouchkov affirme que la Russie ne peut être isolée et dénonce une haine occidentale personnifiée contre Vladimir Poutine. Selon lui, Moscou ne cherche plus à plaire mais à imposer sa souveraineté face à une stratégie occidentale qu’il juge vouée à l’échec.

Dès les premières minutes de notre échange, le sénateur balaie d’un revers de main l’idée d’un isolement réussi de la Russie. Le décor du Forum économique de Saint-Pétersbourg parle de lui-même : 20 000 participants, 140 pays représentés. « Je pense que la question de l’isolement de la Russie est déjà révolue. On n’en parle même pas dans les médias les plus antirusses. <…> On n’en parle presque plus, c’est fini, c’est terminé. »

Mais au fond, cette idée même d’isoler la Russie est-elle réaliste ? Peut-on réellement isoler un pays qui représente à lui seul un septième des terres émergées de la planète ? Un pays dont les choix politiques résonnent avec ceux de la majorité globale, en quête d’équilibre et de souveraineté : « La Russie ne peut pas être isolée par essence; et la politique qu’elle mène en direction de la majorité globale a beaucoup de succès. »

L’efficacité des sanctions antirusses

Les sanctions pleuvent, mais l’économie russe, certes touchée, continue d’avancer. En 2024, la croissance du PIB a atteint 4,3 %, un chiffre rassurant face à une Allemagne en récession ou à une croissance anémique en France et au Royaume-Uni. « Ce choix de stratégie est dicté par la position de ces élites dirigeantes de l’Europe, qui consiste à ne pas accepter la Russie comme elle est. », a déclaré le sénateur. Les sanctions secondaires constituent l’autre moyen de pression employé de l’Occident, mais va-t-il fonctionner ? Rien n’est moins sûr, selon Alexeï Pouchkov. « Mais sont-ils sûrs que l’Inde ou la Chine vont vraiment jouer ce jeu ? Car pour eux aussi, c’est une question de principe », a-t-il dit. 

La stratégie occidentale, selon lui, frôle l’absurde – et risque de se retourner contre ses auteurs: « Jean-Noël Barrot a dit qu’il veut asphyxier l’économie russe. Je lui souhaite bonne chance, mais je pense qu’il va finir par s’asphyxier lui-même. »

Une fracture plus profonde que la guerre froide

Pour le sénateur, ce que vit le monde aujourd’hui n’est plus une simple guerre froide – mais une « Ice War » : plus intense, plus systémique. À la clé : un gel quasi-total des relations, des sanctions massives, des restrictions de visas, une polarisation brutale. Même à l’époque soviétique, rappelle-t-il, les dialogues existaient, les traités se signaient : « Pendant les guerres froides, il y a eu des dégels, il y a eu des contacts entre les dirigeants. <…> La guerre froide était une forme relativement innocente de la confrontation. »

Aujourd’hui, la confrontation n’est plus seulement géopolitique. Elle est idéologique, culturelle, civilisationnelle.

Quand la haine a un visage

Autre nouveauté : la personnification de la haine. Vladimir Poutine est devenu, selon Pouchkov, l’homme à abattre pour les médias et les responsables occidentaux. L’incarnation même d’une Russie insoumise : « Remarquez que cette haine est très personnalisée. Poutine est vraiment la bête noire des politiques et des médias occidentaux. ».

Une haine qui, selon lui, trouve ses racines dans un projet raté : celui d’intégrer la Russie dans un ordre occidental, où elle aurait été reléguée au second rang. Un projet auquel Moscou a dit clairement « Niet ». « L’Occident voulait nous faire entrer dans son système global en tant que pays de second rang. <…> Sous Poutine, on a démontré qu’on ne peut pas être d’accord avec beaucoup de choses que fait l’Occident », a expliqué le sénateur.

Pour Pouchkov, la véritable ligne de faille est là : la Russie d’aujourd’hui, dit-il, n’est plus cette puissance docile des années 1990. Elle revendique son autonomie, ses choix, ses valeurs – même au prix des tensions avec Bruxelles : « Poutine représente une tendance très profonde en Russie, une tendance vers la souveraineté nationale. <…> C’est justement ça qui est inacceptable pour les leaders de l’Occident. » 

Alexeï Pouchkov a dessiné l’image bien détaillée d’un monde divisé – mais surtout pas figé. Une chose est sûre : Moscou ne cherche plus à être aimée. Elle veut être respectée, et compte bien imposer sa voix dans le concert des nations, malgré la pression de l’Occident.

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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